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Vivre dans la nuit : Pierre Mercier, chauffeur

Pierre-Mercier_vol24-no9_MRENTRER À L’AUBE — À 5 h 30, Pierre Mercier entre avec son bus au centre de transport LaSalle. Sur le chemin du retour, son véhicule en a croisé d’autres qui commençaient leur journée. Lui terminait la sienne. Quels personnages peuplent ses nuits?

D’abord, le chauffeur de bus éveillé
À travailler de nuit, est-il décalé par rapport au reste du monde? « Mais non! Je reconduis mon petit garçon à l’école en arrivant du travail le matin. Ensuite, c’est l’heure du dodo et à mon réveil dans l’après-midi, mon fils revient à la maison. Je passe les heures suivantes avec ma famille, explique-t-il. Je dors ensuite quelques heures le soir et je pars au boulot. Pour travailler de nuit, il faut une bonne discipline de vie, sinon, la fatigue nuit à notre travail. »

Ensuite, les clients endormis
Donc, les personnages décalés, ce sont les clients? Dans un bus, la nuit, on imagine toutes sortes de choses… « Il y a la semaine et la fin de semaine, explique Pierre. Les nuits de semaine, j’embarque souvent les mêmes gens, des travailleurs. » Un lien se développe? « Les gens qui travaillent de nuit ne sont pas de grands jaseux, poursuit notre chauffeur. Le plus souvent, c’est plutôt moi qui leur adresse la parole que le contraire! » On imagine donc une ambiance assez feutrée… « Plus il y a de monde qui dort dans le bus, mieux c’est! C’est que ces gens font confiance au chauffeur », répond-il en souriant. Ça va de soi, mais qu’en est-il des fins de semaine? Pierre raconte que le bus y est souvent plein! Les plus grands achalandages surviennent vers 4 h, après le petit gueuleton qui suit la fermeture des bars.

Ces soirs-là, on le devinera, les clients ont pris quelques verres. « Ils sont souvent habillés de couleurs foncées et courent parfois après le bus, explique Pierre. Un client qui a bu et qui court dans la nuit a sans doute plus de chance de s’accrocher les pieds, tant en montant qu’en descendant du bus. Je dois toujours demeurer vigilant! »

Finalement, les automobilistes
Hormis ceux qui montent dans le bus, il y a aussi les autres qui gravitent autour. « Il faut être conscient que la conduite des gens est différente pendant la nuit, explique Pierre. À ces heures, plusieurs conducteurs prennent des largesses avec le code de la route. Ça demande là aussi beaucoup d’attention de notre part. Il ne faut pas être trop fatigué, sinon on manque d’attention. »

Bref, c’est stressant conduire la nuit? « Comparé à tout ce qui peut arriver sur la route en plein jour, je préfère vraiment conduire la nuit », termine Pierre, un oiseau de nuit alerte, vigilant… et bien éveillé!

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