Vivre dans la nuit
Nous vous présentons le premier article d’une série qui met en lumière des collègues de l’ombre, ceux qui vivent à l’envers de tout le monde : les travailleurs de nuit.
Mercredi soir 22 h, les mécanos de nuit du CT Mont-Royal commencent leur quart de travail. Stéphane débute sa « journée » – oui, il a déjeuné avant de se rendre au boulot! – avec un bus dont le tableau de bord affiche un voyant allumé, celui du moteur. Son hypothèse : le tuyau qui amène le carburant au moteur est probablement bloqué.
« Je suis entré à la STM il y a quatre ans maintenant, explique Stéphane tout en jouant de la clé à molette. Avant, j’ai travaillé pendant 20 ans chez un concessionnaire de camions comme mécanicien. J’étais de soir, ce qui fait que je ne voyais presque jamais ma famille. J’ai décidé de faire le saut à la STM de nuit car ça me permet de participer à toutes les activités sportives de mon fils », poursuit celui qui est aussi instructeur bénévole au hockey et au baseball.
Travailler de nuit au CT Mont-Royal
« Je n’ai pas besoin de beaucoup d’heures de sommeil, confie Stéphane, mais malgré ça, il faut reconnaître que c’est dur de travailler la nuit. Cela prend beaucoup de discipline sur les heures de sommeil et de repas. Sinon, c’est la santé qui écope. Les gars ici ont tous leur recette pour supporter la vie de nuit, plus particulièrement quand on prend des vacances de jour et qu’il faut reprendre le rythme nocturne après. Chacun gère son décalage horaire différemment et on échange des trucs. »
Alors, comment ça se passe, une nuit au CT Mont-Royal? « C’est le contremaître qui distribue le travail prioritaire à faire, en fonction des compétences des employés et de la formation reçue. Nous avons une certaine quantité de bus à réparer ou à entretenir chaque nuit. Si, à la suite du diagnostic que nous posons, il s’avère qu’un bus nécessite une réparation majeure – à l’intérieur du moteur par exemple – on l’enverra à l’usine Crémazie. Ici à Mont-Royal, nous remplaçons des transmissions, nous réparons des freins, essuie-glaces ou portes brisées. En gros, on prépare les bus pour le lendemain. »
Même si la gang est habituée à travailler la nuit, il faut mettre de l’ambiance pour ne pas s’endormir : « Le groupe est un peu comme une famille… Plusieurs d’entre nous sommes entrés à la STM en même temps et avons assisté à la même séance d’accueil. Ça créé des liens! Alors on fait beaucoup de blagues, on choisit la musique à tour de rôle, on ‘‘dîne’’ ensemble vers 00 h 30. »
Une fois son quart de travail terminé, Stéphane rentre à la maison, voit brièvement sa famille, se couche, se lève vers 15 h, et hop! c’est reparti pour une autre journée dans la vie d’un travailleur de nuit.
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