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Le métro selon Louise Bénard

 

 

Oh oui que j’y étais à l’inauguration du Métro de Montréal en 1966 ! J’avais 16 ans et je terminais mon cours de secrétariat bilingue. Enfin PIGALLE à Montréal.

Quelques jours précédant le vendredi 14 octobre 1966, ma mère et moi sommes invitées à aller nous promener dans le Métro de Montréal, gracieuseté d’une petite-cousine qui est à l’emploi de la STM depuis quelque temps. C’est un peu loin dans ma mémoire mais je me souviendrai toujours de notre ébahissement face aux portes automatiques, au léger roulement de ce mastodonte pneumatique et à la beauté des lieux. À ce moment-là, je ne me doutais pas que j’obtiendrais un emploi à la STM huit mois plus tard, soit le 14 juin 1967, et que j’emprunterais tout le réseau du métro jusqu’à ma retraite en 1998.

Autant le Métro m’aura épargné des froids sibériens, des tempêtes de neige et des pluies diluviennes, autant il m’aura permis de visiter Expo 67. En septembre 1967, trois mois après mes débuts de durs labeurs au service du Transport sis au-dessus du Terminus Craig, arrive le déclenchement d’une grève qui durera 30 jours, le temps de permettre à ma mère et moi de terminer de visiter Expo 67. Nous y allions sur le pouce quasiment tous les jours en partant du quartier Rosemont. Jamais nous n’avons rencontré de problème et jamais non plus n’avons attendu plus d’un quart d’heure. Les Montréalais à cette époque vivaient en toute sécurité quasiment partout. Ma mère et moi étions donc à la soirée de fermeture d’Expo 67 le 29 octobre et l’entraide était au rendez-vous pour le retour sur l’île de Montréal.

Beaucoup de gens l’ont apprécié, d’autres l’ont critiqué, des peintres s’en sont inspirés mais MOI Je l’ai marché d’est en ouest et du nord au sud, dévalant les escaliers et traversant les couloirs toujours en talons hauts et sans problème. Une heure le matin pour aller au travail, quelquefois plus d’une demi-heure le midi pour faire des courses et une autre heure le soir pour le retour à la maison, de 1967 à 1998, et des trajets en autobus plus longs avant les prolongements du Métro. J’ai même eu la chance de me promener un jour dans la voiture de tête, gracieuseté du directeur de l’Exploitation du Métro à l’époque. Et que dire de la tempête du siècle du 4 mars 1971 !!! La ville était en dormance. « Ah que la neige avait neigé» !

Dans le Métro, nul besoin de descendre à la Place-des-Arts pour contempler les beautés du site et c’est la plus fascinante fresque humaine ! J’y ai vu plein d’amoureux, des chanteurs à faire frissonner dans les longs couloirs, des gens malades aussi et d’autres qui venaient à leur secours, des endormis et le matin et le soir, des tricoteuses et des bébés emmitouflés, des étudiants pressés aussi; j’ai même vu une asiatique un jour avoir les cheveux tellement longs qu’elle devait les placer sous son postérieur avant de s’asseoir…dessus; j’y ai vu des mendiants et des voleurs aussi dont j’ai été victime une fois dans un wagon sans que je m’en rende compte mais en revoyant la scène une fois à la maison. Ma tristesse n’était pas orientée vers ma perte de quelques dollars mais j’étais peinée d’avoir perdu à jamais un portefeuille d’origine égyptienne. J’y ai vu des employés souriants, des policiers efficaces, des étudiants pressés aussi et des Montréalais bien affairés. Grâce au Métro de Montréal, j’ai profité en masse de tout ce Montréal souterrain qui m’a rendue heureuse toutes ces années.

Un p’tit jet d’eau, une station de Métro entourée de bistros… MONTRÉAL.

Louise Bénard

Louise_Benard_vol26-no14_MLouise Bénard a connu une carrière bien remplie à la CTM, à la CTCUM et enfin à la STCUM. Elle a d’abord été sténographe au Transport (bureau et exploitation du métro, de juin 1967 à décembre 1978), puis secrétaire au cabinet du président-directeur général (de janvier 1979 à février 1981). Elle a ensuite été secrétaire à l’Approvisionnement (de mars 1981 à juin 1989), et enfin assistante administrative aux Finances (de juillet 1989 à février 1998).

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