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Station Mont-Royal: le tour de l’architecte

 

La lumière naturelle fait son entrée à la station Mont-Royal.

Le nouvel édicule universellement accessible de la station Mont-Royal a été inauguré le 18 juillet dernier. C’était un moment charnière de ce chantier débuté en 2018 et s’élevant à 50 millions $. Nous en avons profité pour faire le tour du propriétaire – ou plutôt de l’architecte – avec celui qui a dessiné le nouveau bâtiment, notre collègue Patrice Monfette, architecte principal aux Grands programmes de maintien des actifs.

Une nouvelle station à côté de l’ancienne

Au départ, il était prévu de s’attaquer à l’accès d’origine et de conserver l’édicule construit à la fin des années 1990, mais comme le fait remarquer Patrice, ces lieux étaient devenus trop exigus en termes d’exploitation et d’évacuation d’urgence. « Il valait la peine d’investir pour régler ces problèmes somme toute très importants, en ajoutant un second accès à côté du premier, les deux donnant sur un seul édicule trois fois plus grand que le précédent. La solution retenue nous a permis de construire seulement deux puits d’ascenseur au lieu de trois, et de réaliser tous les travaux sans fermer la station. »

Un édicule lumineux et transparent

Le nouvel édicule de la station Mont-Royal mise sur la luminosité naturelle et la transparence. L’omniprésence de baies vitrées et l’harmonie des matériaux lui confèrent cette qualité d’extension dedans-dehors attendue et magnifiée par l’agrandissement du volume intérieur, un toit vert et les nouveaux ascenseurs. « Les gens veulent des constructions où ils se sentent bien et en sécurité; c’est pourquoi nous avons choisi un verre ultra-clair qui réfléchit moins la lumière tant le jour que la nuit, et qui bloque davantage les rayons ultraviolets responsables de la chaleur provoquée par le soleil. Les puits de ventilation naturelle seront également recouverts de lames de verre, permettant une intégration complète à l’architecture des façades. »

L’architecte en profite pour préciser que le toit vert sur la station, une exigence de l’arrondissement, n’est pas une représentation du mont Royal, comme plusieurs le croient! « Le toit est en bois imputrescible, qui peut durer 50 ans sans traitement. C’est la même chose pour le toit vert : les herbes peuvent y pousser librement, avec un minimum d’entretien. Le toit, dans son ensemble, reproduit la topographie du Plateau… qui n’est pas du tout un plateau. Il y a des côtes au sud et à l’est, qui se répercutent sur le toit de l’édicule. La bosse du devant abrite un puits de lumière, comme sur l’ancien édicule. Alors non, ce n’était pas mon intention de reproduire le mont Royal, mais c’est correct si les gens le voient comme ça! »

Le choix des matériaux

Une fois à l’intérieur de la station, le client aperçoit d’abord des matériaux typiques du métro : verre, acier, béton brut. C’est seulement au niveau de la nouvelle passerelle qu’il renoue avec la fameuse brique brune de la station. « La station Mont-Royal est un bel exemple d’architecture moderne des années 1960. On retrouve notamment cette modernité dans le traitement de la brique, plus particulièrement dans son passage arrondi entre le plancher et les murs. On tenait à reproduire ce détail dans la portion de quai qui a été rétrécie, puisqu’il fallait renforcer la structure au-dessus de la voie. Pour cette brique, on a retrouvé la recette d’origine, alors elle s’agence bien à l’ancienne. »

Tout au bout de la nouvelle passerelle, une murale bleue retient l’attention. Patrice explique : « Cette murale sert de point focal au bout du long corridor. C’est un élément architectural ludique, qui nous rappelle à la fois la société d’aujourd’hui, qui vit de plus en plus dans un monde virtuel, et celle du passé, qui voyait dans le pixel une sorte de promesse, un esthétisme, bien avant qu’il apparaisse sur nos écrans. On peut y voir tout autant le Minecraft d’aujourd’hui que les blocs Lego d’hier… mais ce n’est pas une œuvre d’art à proprement parler. »

Dans son élément

L’architecte Patrice Monfette.

Patrice Monfette ne tarit pas de détails sur le nouveau bâtiment : par exemple, les finis de béton coffrés avec de la planche de pruche, évoquant le bois utilisé pour la charpente de la plupart des maisons du Plateau-Mont-Royal. C’est que l’architecte connaît bien le quartier, pour y avoir passé beaucoup de temps dans sa jeunesse et plus tard au travail. « C’est un quartier avec sa vie bien à lui, qui se réinvente tout le temps, avec plusieurs groupes et générations qui s’y côtoient. C’est aussi un quartier bien différent le jour et la nuit. C’est pourquoi le nouvel édicule a une identité bien différente, qu’on l’aborde d’un côté ou de l’autre, ou selon l’heure du jour. C’est le soir qu’il devient transparent, qu’il révèle sa vraie nature, sa structure. C’est ce qui était important d’illustrer avec cette construction. »

C’est le sixième projet d’accessibilité auquel a contribué Patrice, après les stations Champ-de-Mars, Jean-Talon (ligne orange), Rosemont, Place-d’Armes et du Collège. Prochaines stations : Place-Saint-Henri et Édouard-Montpetit, en construction, et Parc. De belles réalisations pour ce collègue arrivé à la STM en 2008 et qui est devenu architecte pour construire des choses. « Déjà, quand j’étais jeune, je bricolais tout le temps. Lorsque mes parents ont construit un chalet, j’ai utilisé les matériaux en trop pour réaliser une niche pour mon chien. Je voulais toujours construire des cabanes, des choses comme ça. Plus récemment, j’ai rénové de mes propres mains deux vieilles maisons urbaines.

« Les gens me disent que c’est mon projet, mais ce n’est pas exact. D’abord, c’est toute l’entreprise qui a été mise à contribution dans le cadre de ce projet. C’est ce qu’il y a de bien à la STM : on a préservé cette capacité de construire des choses, d’A à Z. Et puis, même si je suis un client assidu du transport collectif, ce projet, il ne m’appartient pas, il appartient à la collectivité. La plus belle récompense pour un architecte, c’est de voir le résultat concret de ce qu’il a imaginé, mais aussi de voir les gens s’approprier leur nouvelle station, comme ici. »

Le toit en bois de la station, avec sa partie verte.

Un nouvel édicule sous le signe de la transparence.

Au fond du corridor, la murale bleue.

Le traitement de la brique sur les quais.

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