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Vivre dans la nuit : discrets, et pour cause

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Jean-Philippe Fortin (deuxième à gauche), et quelques-uns de ses collègues ravitailleurs.

On ne vous dira pas où Jean-Philippe Fortin va, ni quand, ni comment. À tout le moins dira-t-on que son travail commence en fin de soirée et qu’il retourne chez lui au petit matin. Quant à savoir la nature de son métier, disons que ses collègues et lui ne conduisent ni ne réparent aucun bus ni voiture de métro. Toutefois, ils manipulent ce qui permet à cette entreprise de tourner, et qui vous permet de payer vos comptes. Vous connaissez l’expression « travailler dans l’ombre » ? Dans ce cas-ci, tout concorde : il se déplace discrètement à la faveur de la nuit. Bienvenue dans le monde d’un ravitailleur de distributrice automatique de titres (DAT).

Bien sûr, vous savez où se retrouvent les DAT de la STM. Enfin, pas toutes. Jean-Philippe, lui, le sait. Ses collègues aussi, bien que certains effectuent plutôt leurs tâches dans les loges. Un travail routinier ? « Non, dit Jean-Philippe. Chaque soir de travail, j’apprends en arrivant quel sera mon itinéraire. » Bien, mais alors, vous êtes plutôt seuls ? « Non plus ! Avec ce que nous manipulons, il nous faut d’autres gens pour assurer notre sécurité. Ils nous escortent à chaque étape. Lorsque je fais mon travail à l’intérieur, je ne suis pas seul. Et en plus, il m’arrive de croiser des gens qui effectuent des travaux de nuit et des employés d’entretien sanitaire. » Lui et ses collègues sont donc en mouvement toute la nuit.

La ville la nuit, c’est comment ?
« Tranquille côté trafic, mais nous avons aussi nos écueils. N’oubliez pas qu’il y a quantité de travaux que vous ne voyez pas sur les routes pendant le jour parce qu’ils se font de nuit. Ce sont les travailleurs de nuit qui écopent. Ça nous occasionne des détours !»

Difficile le rythme de la nuit? « Nous travaillons quatre soirs/nuits de suite, à chaque fois pendant 10 heures, raconte Jean-Philippe. C’est certain que le premier soir est le plus difficile. Après quelques heures de travail, on est fatigués, d’autant plus que nous avons à bouger beaucoup. Mais dès le deuxième soir, on trouve notre rythme. » Et quel est ce rythme ? « Exactement le même que le jour, mais avec 12 heures de décalage. Lorsque j’arrive à la maison, mes enfants mangent leurs céréales. Moi, je soupe ! » Travailler de jour lui manque ? « Pendant l’été, continue Jean-Philippe, j’ai l’occasion de travailler de jour. Ce sont des équipes de travailleurs temporaires étudiants qui prennent le relais, la nuit. À la fin de l’été, ça ne me dérange pas de retourner travailler de nuit pour une chose : ne plus avoir à entendre mon réveil le matin ! »

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