Dans le cadre du jour du Souvenir ayant eu lieu le 11 novembre dernier, nous rendons hommage à Robert Hainault, commissaire de la Commission de transport de Montréal de 1955 à 1970 et de la CTCUM de 1971 à 1981. Ces 26 années consécutives au sein du conseil d’administration représentent un sommet dans l’histoire moderne de l’entreprise. Mais derrière le visage affable affiché dans les rapports annuels se cachait une réalité beaucoup plus sombre : blessé et capturé à Dieppe en 1942, M. Hainault avait connu les horreurs de la guerre.
Après avoir complété ses études en génie civil à l’École Polytechnique, Robert Hainault entre au service du gouvernement du Québec. Dans ses temps libres, il est annonceur à la radio, activité qui lui ouvrira bien des portes. En 1939, alors que la guerre est déclarée à l’Allemagne, il joint les rangs des Fusiliers Mont-Royal. Aussitôt arrivé en Angleterre, il se prépare pour une attaque en territoire ennemi. C’est le terrible raid de Dieppe, en Normandie, qui tourne au cauchemar et qui fait près de 1 000 morts et 2 000 prisonniers dans les rangs canadiens. Grièvement blessé lors de la bataille, le capitaine Hainault est amputé du bras droit et de la jambe gauche.
Durant sa convalescence à l’Hôtel-Dieu de Rouen, le capitaine demande à sœur Agnès Valois, qui le soigne, de retirer le portrait d’Hitler accroché au mur, ce qu’elle fait au péril de sa vie. Transféré à Paris, puis en Allemagne, il est finalement rapatrié en Angleterre grâce à l’intervention de la Croix-Rouge. Une fois rétabli, il devient officier des relations extérieures pour la division radiophonique à Londres. C’est le début d’une longue carrière dans le domaine de la publicité et des relations publiques.
34 années consacrées au transport collectif
En 1947, Robert Hainault se joint au service de la publicité de la Compagnie des tramways de Montréal, où il côtoie plusieurs anciens militaires dont le brigadier Jean-Guy Gauvreau, un autre ancien des Fusiliers Mont-Royal. Les destins de ces deux hommes sont étroitement liés. En 1955, avec le soutien de Gauvreau, Hainault devient l’un des commissaires de la Commission de transport, qui a succédé quatre années plus tôt à la Compagnie des tramways. Toutefois, en 1960, ce même Gauvreau ravit la présidence de la Commission à Hainault.
Les présidents passent, mais Hainault reste commissaire. En parallèle, il poursuit une carrière dans le domaine des relations publiques, entre autres pour la chaîne de supermarchés Steinberg. En 1974-1975, il est président de l’Association canadienne du transport urbain (ACTU), qui l’intronisera à son Temple de la renommée en 1997. En 1981, après 34 années consacrées au transport collectif, Robert Hainault se retire. Il reste actif auprès de nombreux organismes, notamment le Corps canadien des commissionnaires, orienté vers la réintégration sociale des anciens combattants. Il est nommé membre de l’Ordre du Canada en 1985.
Longtemps établi à Beaconsfield, en banlieue de Montréal, Robert Hainault meurt à l’Hôpital du Lakeshore le 5 février 1993, à l’âge de 74 ans. Il laisse dans le deuil son épouse Gabrielle, rencontrée à Londres durant la guerre, et leurs trois enfants. Blessé et fait prisonnier à Dieppe, Robert Hainault a gardé de son expérience à la guerre le désir de venir en aide à ceux qui souffrent, tout en poursuivant une carrière prolifique dans le monde des affaires et celui du transport collectif.
Cliquez ici pour voir Robert Hainault parler du raid de Dieppe avec deux autres survivants de l’attaque.
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