En cette soirée du 24 décembre, Florence et Béatrice sont bien contentes d’emprunter le métro pour aller fêter Noël chez leur oncle. Leur père a accepté qu’elles voyagent seules puisqu’elles sont maintenant assez grandes pour le faire. Les deux sœurs ont déjà pris le métro, mais n’ont encore jamais voyagé dans un train AZUR. Cette fois-ci sera la bonne, pensent-elles.
– Notre oncle, qui travaille à la STM, a dit que plus de la moitié des nouvelles voitures AZUR sont maintenant en service, dit Florence.
– Alors, il y a de bonnes chances que le prochain train soit un AZUR, répond Béatrice. C’est étrange par contre, il n’y a personne d’autre sur le quai!
Sur ces paroles, les deux sœurs entendent le train approcher. Elles voient au fond du tunnel une grande lumière blanche à l’avant du train. Pas de doute possible, c’est un train AZUR!
– Le voici!, crie Béatrice.
– Tu ne trouves pas qu’il est différent de celui qu’on a vu dans le journal et à la télévision?, note Florence.
– Vite, les portes s’ouvrent, il faut embarquer!
Une fois les filles à l’intérieur du train, le «dou-dou-dou» résonne et les portes se referment. Florence et Béatrice n’ont aucun mal à trouver une place, puisque le train est vide lui aussi. Ce dernier démarre en trombe, alors qu’un message se fait entendre dans les haut-parleurs:
– Pro-HO-HO-chaine station, Cartier!
– On dirait la voix du père Noël, dit Béatrice.
– C’EST le père Noël, répond Florence. Maintenant, je sais ce qui est différent avec ce train, il est rouge à l’extérieur et à l’intérieur! C’est un train AZUR pas azur du tout!
– Comment en être certaines?
– Il suffit de le demander à l’opérateur.
Sur ce, Florence se dirige vers l’interphone permettant de communiquer avec l’opérateur. Elle appuie sur le bouton et attend la réponse.
– Allô-HO-HO, dit l’opérateur. Que se passe-t-il?
– Bonsoir Monsieur l’opérateur, répond Florence. C’est que ma sœur et moi, on se demande si vous êtes… le père Noël!
– Eh bien, venez voir par vous-même, les enfants! Je suis à l’avant du train.
Le temps de le dire, les deux sœurs se rendent à l’avant du train. Avant même de pouvoir frapper à la porte de la loge, celle-ci s’ouvre.
– Entrez, les enfants!, dit le père Noël.
– C’est bien vous!, répond Béatrice.
– C’est donc ça qu’on voit quand on est assis à l’avant du train, ajoute Florence. C’est beau! Mais que faites-vous là, à conduire un métro? Vous ne devriez pas transporter des cadeaux avec votre traîneau, à cette heure-ci?
– Non! J’ai des employés pour ça. Et puis, les enfants, je vais vous confier un secret : je n’ai jamais aimé la neige! Ici, dans le métro, il n’y en a pas et c’est parfait comme ça.
Comme par magie, le train est déjà arrivé à destination. Les deux sœurs n’en croient pas leurs yeux.
– Père Noël, avant de sortir du train, peut-on prendre un selfie avec vous?
– Mais oui! À trois, on dit: fro-HO-HO-mage!
– Un, deux, trois, FRO-HO-HO-MAGE!
– Au revoir, père Noël.
– Au revoir, les enfants!
Et les deux sœurs descendent du train. Un autre «dou-dou-dou», et les portes se referment. Florence et Béatrice saluent le père Noël, qui leur rend la pareille. Et le train redémarre, quittant la station pour s’engouffrer dans le tunnel. Encore une fois, les deux sœurs sont toutes seules sur le quai.
***
– Ah, vous voilà les filles!, dit l’oncle à ses deux nièces qui entraient chez lui.
– Mon oncle, on a pris le train du père Noël!, s’exclame Béatrice.
– Le train du père Noël? Celui de la Plaza Alexis-Nihon? Je n’étais pas au courant qu’il avait repris du service…
– Non, le VRAI train du père Noël!, précise Florence. L’intérieur était rouge!
– Un intérieur rouge? C’est bizarre, il n’y a plus d’intérieur rouge dans les MR-73 depuis une douzaine d’années…
– C’ÉTAIT UN AZUR!!!, crient les deux sœurs en même temps.
– Vous devez sûrement vous tromper, les filles.
– Ah oui? Et ÇA?, répond Florence en montrant à son oncle le selfie qu’elle avait pris avec sa sœur et le père Noël.
Pas de doute possible : entre Florence et Béatrice, c’est bien le père Noël, avec sa grosse barbe blanche, ses petites lunettes et son costume rouge, comme l’intérieur du train! Sur la cloison de la loge, derrière nos trois compagnons de voyage, on peut clairement distinguer le numéro de la voiture : 10-000… ou 10-HO-HO-HO.
Un conte de Benoît Clairoux
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