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Dans l’objectif de Simon Racine

 

La pandémie a donné l’occasion à certains de renouer avec des passions oubliées. C’est le cas de Simon Racine, chauffeur à la STM depuis 2008 et employé au CT Anjou depuis cette même année. Il a recommencé à prendre des photos, lui qui avait pratiquement abandonné ce mode d’expression depuis une douzaine d’années. Ses photos artistiques de bus ont plusieurs adeptes sur Facebook et ailleurs.

« Au tournant du millénaire, j’ai complété une technique en photo au Cégep du Vieux-Montréal. Après mes études, j’ai travaillé à temps partiel comme assistant-photographe en studio. C’était avant la photo numérique : on utilisait encore de gros négatifs de quatre pouces par cinq. J’aimais bien ce travail, mais ce n’était pas très payant et je devais coordonner le tout avec mon autre métier de conducteur de camion. Avec le temps, la photo a pris de moins en moins de place dans ma vie.

« Au début de la COVID, je me considérais chanceux d’avoir un emploi, mais je trouvais les journées plus longues et la ville déserte. Je me demandais ce que je pouvais faire de plus. C’est pourquoi j’ai recommencé à prendre des photos, pour moi au début, puis sur les réseaux sociaux. Ce que je souhaite, au fond, c’est que les gens trouvent beau ce que je trouve beau, ajouter un peu de beauté dans leur journée. Pourquoi le bus? Je me suis rapidement rendu compte qu’il me fallait une contrainte, un sujet. C’est comme un cuisinier : s’il ne choisit pas un ingrédient, il y a trop de possibilités. Puisque je suis chauffeur à la STM, le bus s’est imposé.

« Je suis un peu surpris quand les gens me disent : bravo, tu as réussi à rendre le bus beau! À la base, ce n’est pas laid, un bus. Mais il y a un travail de cadrage, de mise en valeur de certains éléments du véhicule. Avec nos yeux, on voit très large; ce que j’essaie de faire dans mes photos, c’est de montrer des choses qu’on ne voit pas tout de suite. Avec le noir et blanc, c’est plus facile car déjà, ça sort de l’ordinaire. Mais on peut aussi changer la perspective, en prenant la photo de très bas par exemple. On peut aussi jouer avec la couleur, le contraste. Bref, j’essaie de créer une image qui me plaît, et je suis heureux de voir que je ne suis pas le seul à l’aimer.

« Je prends mes photos avec mon cellulaire, même s’il ne s’agit pas du modèle le plus performant. Étant donné que j’ai travaillé en chambre noire jadis, je comprends tout ce qu’on peut faire avec une photo. Évidemment, c’était beaucoup plus long et compliqué avant l’arrivée du numérique; aujourd’hui, on voit le résultat final en seulement quelques minutes! Quand le numérique est arrivé, j’ai senti que tout ce que j’avais étudié ne servirait plus à rien, alors que c’est tout le contraire. On a beau avoir un cellulaire qui peut prendre d’excellentes photos, encore faut-il savoir exploiter toutes ses possibilités.

« Je ne pensais jamais que mes photos susciteraient autant l’intérêt. Il est question qu’elles soient affichées au CT Anjou, et peut-être ailleurs à la STM! Ce serait une grande fierté. Mais je n’ai pas d’autre ambition que de continuer, au jour le jour. »

Quelques photos de Simon tirées de sa page Facebook

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