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Une crise sans précédent à la STM

 

Avis public de la Ville de Montréal décrivant les mesures prises pour contrer la grippe espagnole, Le Devoir, 28 octobre 1918.

En près de 160 ans d’histoire, ce ne sont pas les crises qui ont manqué dans le domaine du transport collectif à Montréal! Certaines ont eu peu d’impact, tandis que d’autres ont entraîné d’importantes variations de l’achalandage. Voici un bref aperçu de quelques-unes.

La grippe espagnole

On a beaucoup parlé, ces derniers temps, de la grippe espagnole (influenza) qui a frappé Montréal pour la première fois à l’automne 1918. Rapidement, le Bureau de santé de la Ville de Montréal émet des directives strictes à la Compagnie des Tramways de Montréal : nettoyage quotidien des véhicules, des gares et des ateliers, et ouverture de deux fenêtres dans chaque tramway. Plus tard, le Bureau de santé envisage l’interdiction des personnes debout dans les tramways, mais la vague diminue au même moment. Nous ne connaissons pas l’achalandage exact cette année-là, mais rien ne semble indiquer qu’il ait subi une baisse significative.

La Grande Dépression

Le Krach de 1929 a de graves conséquences sur l’économie des grandes villes, y compris Montréal. La crise économique qui s’ensuit a un impact dévastateur sur l’achalandage du transport collectif, qui passe de 250 millions de déplacements en 1929 à 195 millions en 1935 (baisse de 22%). L’achalandage diminue quatre années de suite, une première dans l’ère moderne (-2% en 1930, -5% en 1931, -9% en 1932 et -7% en 1933). De fait, l’achalandage de 1929 ne reviendra qu’en 1941, durant une autre crise encore plus importante.

La Seconde Guerre mondiale

Le conflit mondial a lui aussi d’énormes répercussions sur la vie des Montréalais : rationnement des pneus et de l’essence, étalement des heures de pointe, etc. Le plein emploi et l’abandon temporaire de l’auto font grimper l’achalandage du transport collectif de 17% en 1941, de 21% en 1942 et de 11% en 1943. De 1939 à 1945, l’achalandage augmente de 47% (de 208 millions à 395 millions de déplacements)! Le sommet est atteint après le conflit, en 1947, avec 398 349 773 déplacements.

L’essor de l’automobile

Après la Seconde Guerre mondiale, la popularité grandissante de l’automobile, jumelée à l’étalement urbain, fait mal aux transports collectifs montréalais. De la fin des années 1940 au milieu des années 1960, l’achalandage annuel passe d’environ 400 millions de déplacements à moins de 280 millions, une diminution de 30%. Le sommet de 1947 (398 millions de déplacements) n’est dépassé qu’en 2011 (404 millions de déplacements)… soit 64 ans plus tard!

Plusieurs crises passagères

Parmi les crises passagères vécues ces 50 dernières années, notons la Tempête du siècle en 1971, les incendies dans le métro en 1971 et en 1974, l’inondation du 14 juillet 1987, le retrait de tous les trains MR-63 rénovés en 1993 (problème de pivots), la Crise du verglas de 1998, le retrait des bus à plancher bas en 1999 (problème d’accélérateurs), la grève étudiante et ses arrêts de service en 2012, et le retrait des trains AZUR en 2017 (problème de frotteurs). Chaque fois, on a eu chaud, mais au bout du compte, les conséquences furent limitées.

COVID-19 et effondrement de l’achalandage

Dès les premiers jours de la crise de la COVID-19, l’achalandage chutait de plus de 60%. De 1,4 million de déplacements par jour, l’achalandage dans le réseau passait à moins d’un million… par semaine! Dans les semaines suivantes, on observait une baisse de l’achalandage de 90% dans le métro, de 85% dans les bus et de 80% au transport adapté.

La mezzanine de la station Berri-UQAM à midi, le mercredi 15 avril 2020.

Cette dégringolade, inévitable dans les circonstances, est d’autant plus frappante que notre réseau a atteint un record d’achalandage l’an dernier avec 466 millions de déplacements (avec l’ancienne méthode de calcul, précisons-le). C’est le métro qui a pavé la voie avec un achalandage record de 283 538 492 entrées. Des records historiques ont été battus dans 41 des 68 stations, incluant Georges-Vanier, qui a enregistré pour la première fois un million d’entrées!

Bref, aucune autre crise n’a eu autant d’impact sur l’achalandage du transport collectif montréalais que celle que nous vivons présentement. Nul ne sait combien d’années il faudra attendre avant de revoir les sommets atteints en 2019. Ce que nous savons, par contre, c’est que c’est en temps de crise que les employés du transport collectif brillent le plus.

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